Eviter les effets du Genre

Afin de dégager des idées les plus générales possibles, il est commun de voir des études conduites sur un sexe et extrapolées à l’ensemble de la population, passant sous silence des effets potentiellement liés à l’autre sexe.

Choix d’un sexe comme le meilleur modèle d’étude ou par défaut

Certaines recherches sont conduites sur un seul sexe, avec pour postulat que le sexe sélectionné est plus stable (sexe masculin) donc moins compliqué à manier ou plus représentatif au regard de la population majoritairement concernée par la pathologie étudiée. Les observations sont ensuite généralisées aux deux sexes, sans tenir compte d’éventuelles spécificités. Exemples : la mort subite du nouveau-né (plus fréquente chez les garçons), pathologie du colon irrité (concerne plus les femmes), anorexie nerveuse (majoritairement chez les jeunes femmes), ostéoporose (plutôt chez les femmes ménopausées), etc.

Choix d’un sexe de manière délibéré

Le déterminisme sexué fait partie de la finalité de l’étude scientifique et est annoncé comme tel. Exemples : le vieillissement (chez l’un des sexes, exclusivement), études sur les effets de la DHEA (uniquement chez les hommes), la fertilité et les canaux ioniques (exprimés seulement dans les ovules), etc.

Quelques exemples en santé

Quelle relation entre symptômes respiratoires chez l’enfant et tabagisme passif ?(1)

Les observations
Fréquence et gravité des symptômes observés supérieures chez les filles que chez garçons

Les hypothèses
Différence liée au sexe ? Susceptibilité au tabagisme plus grande chez les filles ?

Comment fut intégré le genre ?
Prise en compte des facteurs sociaux et familiaux

Conclusion
L’expérience démontre une différence liée à la pollution de l’air intérieur, pas une prédisposition d’ordre biologique. La différence observée entre les deux sexes tient au fait que les filles sont plus souvent confinées à la maison que les garçons.

(1) Etude de Sam Padenten, London School of Hygiene and Tropical Medecine, UK

Maladies cardiovasculaires et risques de mortalité H/F (2)

Principales observations

  • Plus grande prévalence chez l’homme pendant la période reproductive
  • Maladie coronaire chez la femme : apparition retardée de 10 ans
  • Plus de femmes que d’hommes meurent entre 35 et 75 ans d’une maladie cardiovasculaire

Les hypothèses
Comment expliquer la surmortalité féminine ?

Conclusion
Il y a ici un effet de genre. Les femmes sont exclues de la plupart des essais à visées étiologiques ou préventives. Les données obtenues chez les hommes sont transposées aux femmes

Or chez les femmes, les maladies cardiovasculaires se présentent différemment : les symptômes ne sont pas les même, les manifestations cliniques apparaissent plus tardivement. Par conséquent, le diagnostic est plus difficile à établir chez les femmes, leur prise en charge thérapeutique moins satisfaisante, provoquant une augmentation du taux de mortalité.

(2)Kownator CV ; Maladie cardiovasculaires : attention aux spécificités de la femme ! pp 232-233. In La Presse médicale. 2010 Feb ; 39 (2) Mounier-Vehier et al. ; Spécificité du risque cardiovasculaire de la femme ; pp 234-241. Ibid. Leclercq F ; La maladie coronaire de la femme est-elle particulière ? pp 242-248. Ibid. Becker F. Maladie aortique chez la femme. pp 249-253. Ibid. Saurel-Cubizolles MJ, Chastang JF, Menvielle G, Leclerc A, Luce D ; EDISC group. Social inequalities in mortality by cause among men and women in France. J Epidemiol Community Health. 2009 Mar ;63(3):197-202. Epub 2008 Dec 16.